Dans un environnement financier en perpétuelle mutation, les entreprises doivent relever des défis toujours plus complexes en matière de consolidation financière, de reporting et de conformité réglementaire. Historiquement, SAP Business Objects Financial Consolidation (BFC) s’est imposé comme un outil central pour répondre à ces exigences, particulièrement dans des secteurs très régulés tels que la banque et l’assurance.

Cependant, cet outil, autrefois largement adopté pour la gestion des consolidations complexes, est aujourd’hui perçu comme limité face à des besoins toujours croissants de flexibilité, de performance et d’intégration technologique. SAP a ainsi annoncé l’abandon progressif de BFC afin de recentrer son offre sur des solutions modernisées et adaptées aux environnements cloud et aux processus automatisés.

Pour les utilisateurs, le virage est délicat à prendre. Pour éclairer vos choix, nous avons dressé un état des lieux du marché des outils de consolidation et examiné les outils alternatifs et les enjeux d’un projet de migration.

État des lieux des principaux outils de consolidation financière

L’analyse des pratiques de consolidation de 14 entreprises dans les secteurs de la banque et de l’assurance révèle des préférences variées, influencées par des besoins organisationnels et stratégiques spécifiques. Avec une nette domination, à l’heure actuelle, de SAP BFC.

SAP BusinessObjects Financial Consolidation (BFC)

En effet, SAP BFC reste à ce jour l’outil le plus utilisé dans notre échantillon (56%). Sa fiabilité et son intégration native avec les autres solutions SAP restent ses points forts. De nombreuses entreprises choisissent de le conserver pour éviter les perturbations liées à une transition et pour préserver des processus internes bien établis. Cependant, ses limites technologiques et son inadaptabilité aux environnements modernes poussent de plus en plus d’acteurs à questionner son maintien.

CCH Tagetik

Cette solution se développe, grâce à sa compatibilité cloud, sa flexibilité et sa capacité à combiner consolidation, planification et reporting dans une plateforme unifiée. Dans notre échantillon, 22 % l’ont adoptée.

Oracle Hyperion Financial Management (HFM).

HFM, utilisé par 17% des groupes de notre échantillon, convient aux organisations ayant des besoins complexes. L’outil est apprécié pour sa robustesse et ses fonctionnalités avancées, notamment dans la gestion multi-entités en temps réel. Sa mise en œuvre, qui requiert des ressources importantes, limite son adoption.

Adaptive Insights (Workday)

Mentionnée par 5% de notre échantillon, cette solution est principalement utilisée pour des besoins spécifiques de planification financière. Son adoption dans les projets de consolidation reste limitée.

SAP S/4HANA Finance, la proposition de rationalisation de SAP

Alors que beaucoup d’acteurs sur le marché explorent activement des solutions pour remplacer ou moderniser SAP BFC, SAP propose d’ores et déjà une alternative avec S/4HANA Finance. Cette solution, qui permet de rester dans l’écosystème SAP, offre des fonctionnalités de consolidation financière intégrées et une compatibilité cloud. De quoi répondre aux besoins des entreprises recherchant une approche plus agile et centralisée.

Comparaison des performances obtenues par outil

Les entreprises familiarisées avec l’écosystème SAP privilégient souvent des outils natifs comme SAP Group Reporting, qui assure une intégration optimale avec leurs systèmes ERP. En parallèle, face aux exigences technologiques et réglementaires croissantes, de plus en plus d’entreprises se tournent vers des solutions cloud telles qu’Oracle FCCS, OneStream ou CCH Tagetik, appréciées pour leur flexibilité, leur évolutivité et leur accessibilité. La fin de SAP BFC pourrait ainsi être perçue comme une opportunité de migration vers ces alternatives, surtout dans un contexte où la conformité réglementaire, notamment en matière de critères ESG, et les analyses financières sophistiquées deviennent de plus en plus cruciales.

SAP Group Reporting

SAP Group Reporting offre une consolidation financière en temps réel, facilitant la gestion des clôtures et la conformité aux normes IFRS et GAAP. Il s’intègre parfaitement avec SAP S/4HANA, garantissant une synchronisation efficace des données. Bien qu’il soit très robuste dans les environnements SAP, il peut poser des défis pour les entreprises ne faisant pas partie de cet écosystème. L’interface est intuitive pour les utilisateurs familiarisés avec SAP, mais peut être complexe pour les nouveaux. Ce système est conçu pour évoluer avec les besoins de l’entreprise.

CCH Tagetik

CCH Tagetik se distingue par son automatisation avancée des processus financiers et sa capacité à assurer la conformité avec les réglementations telles que les IFRS 16, IFRS 17 et ESG. Il est compatible avec plusieurs ERP, y compris SAP, offrant ainsi une flexibilité importante. Reconnu pour sa fiabilité, il est particulièrement adapté aux grandes entreprises. Son interface conviviale facilite l’adoption, et il est suffisamment flexible pour s’adapter aux évolutions réglementaires.

Oracle FCCS

Oracle FCCS automatise la consolidation des états financiers, garantissant rapidité et conformité aux normes IFRS et GAAP. Il est intégré à Oracle ERP Cloud. L’intégration avec des systèmes non-Oracle peut être complexe. Ce système est robuste dans le cloud et répond aux besoins des grandes entreprises avec des exigences de reporting élevées. Son interface, bien que puissante, peut nécessiter une formation pour les utilisateurs non expérimentés.

One Stream

One Stream propose une plateforme unifiée pour la consolidation financière, la planification, la budgétisation et le reporting. Compatible avec de nombreux ERP, dont SAP, il est reconnu pour sa capacité à gérer des environnements complexes. Son interface moderne et intuitive facilite l’utilisation, et il est flexible, capable de s’adapter à des environnements en constante évolution.

Le choix de la solution de consolidation doit donc être aligné avec les objectifs stratégiques de l’entreprise et ses besoins opérationnels. Une évaluation approfondie des forces et des faiblesses de chaque outil, ainsi que des retours d’expérience d’autres utilisateurs, peut aider à prendre une décision éclairée. La différenciation des outils n’a pas porté ces dernières années sur les coûts de licences, qui ont eu tendance à s’homogénéiser.

Abandon de l’outil SAP BFC : les risques de la migration

Des risques opérationnels et stratégiques

SAP BFC s’est imposé comme une solution fiable pour gérer la consolidation et le reporting financier. Son remplacement soulève de nombreux défis :

1. Complexité de la transition

Changer d’outil de consolidation implique une migration des données vers une nouvelle plateforme, ce qui peut entraîner :

  • Des risques d’erreurs dans la migration des données historiques ;
  • Une rupture temporaire dans la production des états financiers consolidés ;
  • Des retards dans le respect des échéances réglementaires.

2. Impact sur les processus internes

Les équipes financières doivent se familiariser avec une nouvelle solution, ce qui engendre des coûts de formation et une courbe d’apprentissage prolongée. Ces ajustements peuvent peser sur la productivité et sur la qualité des reporting.

3. Risques réglementaires et réputationnels

Les entreprises soumises à des réglementations strictes, telles que les normes IFRS ou US GAAP, doivent garantir la fiabilité et l’auditabilité de leurs données financières. Toute défaillance liée à une migration ou à un nouvel outil pourrait nuire à leur conformité et à leur réputation.

Outil de consolidation : le choix de l’adaptabilité

La décision d’abandonner SAP BFC nécessite pour chaque acteur une évaluation approfondie des impacts financiers, techniques et organisationnels. Pour SAP, l’enjeu est également de taille : il s’agit de maintenir une relation de confiance avec ses clients tout en investissant dans des solutions alignées avec les besoins actuels du marché.

La présence sur le marché d’alternatives sérieuses permettra à chacun de faire son choix, en fonction de sa taille et de la complexité de sa structure. Nul doute que les changements réglementaires à venir feront de l’adaptabilité des outils un critère de choix décisif. En effet, après IFRS 17, qui a déjà conduit à une modification profonde du compte de résultats dans le secteur de l’assurance, la norme IFRS 18 en préparation promet une nouvelle refonte des états financiers.