Les ETF sont souvent associés à une gestion passive, visant à répliquer la performance d’un indice de référence. Cependant, une nouvelle génération d’ETF a émergé : les ETF actifs. Contrairement aux ETF traditionnels, ces derniers ne se contentent pas de répliquer un indice, mais cherchent activement à générer de la surperformance ou à répondre à des objectifs spécifiques tels que la réduction de la volatilité ou l’optimisation du rendement. Leur gestion repose sur diverses stratégies, allant des modèles quantitatifs à l’analyse fondamentale, avec des marges de manœuvre plus ou moins importantes selon la stratégie adoptée.

Un vif essor des ETF Actifs sur les dernières années

À l’échelle mondiale, les ETF actifs connaissent une croissance significative. En 2024, les encours mondiaux des ETF actifs ont atteint un record de 1 170 milliards de dollars, avec une collecte annuelle de plus de 374 milliards de dollars. Cette dynamique est particulièrement marquée sur le marché américain, où les actifs des ETF actifs connaissent une expansion spectaculaire.

En Europe, bien que ces véhicules d’investissement représentent actuellement une part plus modeste du marché, leur croissance est prometteuse. Les actifs des ETF actifs en Europe ont presque quadruplé depuis 2019, atteignant 52 milliards de dollars en 2024, soit 2,4 % des actifs totaux des ETF selon des informations Morningstar rapportées dans le Financial Times.

ETF actifs : un marché encore émergent en France

ETF actifs aux États-Unis : un marché en pleine accélération

Aux États-Unis, les ETF actifs, bien que plus récents que leurs homologues passifs, ont déjà atteint un certain niveau de maturité. Des acteurs comme JPMorgan Asset Management, avec son JPMorgan Equity Premium Income ETF (JEPI), ou Cathie Wood avec ARK Innovation ETF (ARKK), ont démontré le potentiel de ces produits à capter l’intérêt du marché.

En effet, le marché des ETF actifs aux États-Unis connaît une croissance remarquable. Depuis 2019, l’AUM (assets under management) des ETF actifs ont augmenté de 700 %, atteignant 806 milliards de dollars en 2024.

ETF actifs en Europe – Les géants de la gestion US en quête de parts de marché

En Europe, les ETF connaissent une croissance accélérée pour combler un large retard par rapport aux Etats-Unis. En 2024, la collecte a connu une hausse de 70 %, réduisant progressivement l’écart avec le marché américain.

Selon des données Morningstar, les ETF actifs européens ont collecté 5 milliards d’euros en 2022, 6 milliards d’euros en 2023, et au cours du seul premier semestre 2024, plus de 5,6 milliards d’euros.

Les sociétés de gestion américaines ont montré une volonté de capitaliser sur cette opportunité en intensifiant leur présence sur le marché européen des ETF actifs. Goldman Sachs AM, par exemple, a récemment lancé ses premiers ETF obligataires actifs en euros et en dollars, cotés sur la Deutsche Börse et le London Stock Exchange.

De même, M&G Investments envisage sérieusement d’introduire des ETF actifs sur le marché européen pour répondre aux attentes de ses clients. Cette tendance, également observée chez d’autres acteurs comme le britannique Jupiter ou Axa Investment Managers, qui cherchent à renforcer leur position sur ce segment en pleine croissance, vise à répondre à une demande croissante des investisseurs européens pour des stratégies de gestion active au sein de structures ETF.

Où en sont les ETF actifs en France ? Qu’en est-il du cadre réglementaire ?

Le marché français des ETF suit la tendance européenne avec une adoption croissante par les investisseurs particuliers et institutionnels. Selon l’AMF, le nombre de transactions sur les ETF a atteint 5,2 millions en 2024, soit presque le double par rapport à 2023 et le nombre de nouveaux investisseurs sur les ETF a dépassé le nombre de nouveaux investisseurs en actions (246 000 contre 216 000).

Le cadre réglementaire a favorisé cette évolution puisque, depuis le décret du 27 février 2024 modifiant le Code monétaire, la cotation des ETF actifs est désormais possible. Deux mois plus tard, Euronext accueillait déjà 9 ETF Actifs à Paris, complétant une offre de 122 ETF déjà cotés sur d’autres marchés d’Euronext.

Par ailleurs, l’essor des ETF actifs en France repose sur une diversification des approches, allant des stratégies ESG intégrant des exclusions sectorielles strictes aux gestions thématiques et obligataires actives. Ces produits, autrefois réservés aux marchés anglo-saxons, deviennent ainsi plus accessibles, renforçant l’offre locale en matière de gestion active.

ETF actifs vs OPCVM : une meilleure « Value For Money » pour les investisseurs ?

Dans un environnement où la rentabilité des placements est scrutée à la loupe, les ETF actifs semblent prendre l’avantage sur les OPCVM, combinant des frais réduits et des performances supérieures. Une dynamique qui pourrait bien rebattre les cartes du paysage de la gestion d’actifs.

Des frais qui pèsent sur la performance des OPCVM

Selon une étude réalisée par SeaBird, portant sur un échantillon1 d’ETF actifs et d’OPCVM, les premiers affichent des frais courants en moyenne six fois inférieurs à ceux des OPCVM. Avec 0,32 % de frais contre 1,86 % pour ces derniers. Contrairement aux OPCVM, souvent alourdis par des frais de gestion et des coûts de distribution élevés, les ETF bénéficient d’une structure plus légère, sont cotés en bourse et négociables en continu.

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Une surperformance marquée des ETF actifs

Au-delà des coûts, la performance constitue un autre point de différenciation clé entre ETF actifs et OPCVM. Dans l’échantillon d’ETF actifs que nous avons analysés, le rendement brut moyen atteint 19,48 % sur 2024, contre 13,23 % pour les OPCVM sur la même période. Cette performance s’explique largement par un contexte de marché particulièrement favorable aux stratégies actives sur la période étudiée, notamment dans certains segments ayant bénéficié de la rotation sectorielle et de la reprise des valeurs de croissance.

Un signal fort pour les investisseurs ?

Si les ETF actifs ont montré leur efficacité sur la période récente, la question de leur résilience dans des cycles de marché plus longs reste ouverte. Les OPCVM conservent des atouts, notamment pour les investisseurs recherchant une gestion plus encadrée et une sélection précise des actifs.

 Les ETF : aussi verts que les fonds traditionnels ?

Si les ETF séduisent par leur transparence et leurs frais réduits, leur impact réel sur la transition écologique interroge. Majoritairement investis sur de grandes capitalisations, ces fonds reproduisent souvent des indices dominés par des multinationales à l’empreinte carbone significative, limitant leur effet transformateur. À l’inverse, les fonds traditionnels, via leur travail de sélection des actifs et une gestion active, peuvent privilégier des entreprises plus engagées dans la transition énergétique.

Toutefois, certains ETF vont plus loin en intégrant des méthodologies d’exclusions strictes (charbon, tabac), des stratégies thématiques centrées sur l’environnement, ou encore des approches factorisées2 leur permettant d’adopter une approche ESG. Cela a renforcé une vraie appétence du marché pour cette classe d’actifs.

L’intérêt des jeunes épargnants pour les ETF est manifeste et en croissance : selon l’AMF, 45 % des investisseurs actifs français âgés de 25 à 35 ans ont acheté ou vendu des ETF au cours du premier semestre 2024, contre 11,7  % en 2019. Les OPCVM sont-ils alors voués à céder leur trône face à la montée en puissance des ETF et leur gestion active ? Une chose est sûre : la dynamique est lancée, et les lignes de la gestion d’actifs ne cesseront de bouger.