Intégrer l’ESG dans ses investissements : allier performance financière et impact positif

L’ESG : un atout stratégique pour la performance financière ?

L’idée que les entreprises les plus avancées en matière d’ESG affichent une meilleure performance financière à long terme est de plus en plus confirmée par la recherche économique.

Plusieurs mécanismes sous-tendent cette corrélation. D’une part, ces entreprises bénéficient d’un avantage compétitif en répondant à une demande croissante pour des produits et services durables.

D’autre part, l’ESG s’impose comme un levier essentiel de gestion des risques, notamment grâce à la notion de double matérialité, qui oblige à considérer à la fois à l’impact des risques ESG sur leurs activités, et l’influence de leurs activités sur l’environnement et la société. Cette approche permet une meilleure anticipation des enjeux réglementaires, réputationnels et opérationnels, rendant les modèles économiques plus résilients.

Enfin, un bon positionnement ESG devient un signal fort de soutenabilité et de robustesse à long terme, renforçant ainsi l’accès au capital: . Les entreprises intégrant ces dimensions attirent plus facilement les investisseurs institutionnels et bénéficient souvent de conditions de financement plus avantageuses, réduisant leur coût du capital.

Un lien entre performance financière et extra financière ni systématique ni uniforme

Toutefois, le lien entre performance extra financière et performance financière n’est ni systématique ni uniforme, comme l’a souligné Mathilde des Courtis lors d’une conférence organisée le 11 mars par Finance Innovation sur le thème « Performance financière et durabilité : l’ESG est-il un atout stratégique ? ». Il varie selon les secteurs et les zones géographiques, l’ESG étant plus structurant dans des industries fortement exposées aux risques climatiques, comme l’énergie ou les transports.

Ensuite, il dépend des méthodologies d’évaluation et des critères retenus pour mesurer la performance ESG, introduisant des écarts d’interprétation entre investisseurs.

Enfin, la temporalité joue un rôle clé : même si les arbitrages ESG favorisent souvent une stabilité accrue et une attractivité renforcée sur le long terme, ils peuvent engendrer une sous-performance à court terme, notamment en raison de l’exclusion de certains secteurs rentables ou des coûts liés à l’implémentations de plans de transition.

Ainsi, bien que l’ESG puisse être un moteur de performance financière, il oblige les investisseurs à repenser leurs stratégies en arbitrant entre rendement immédiat et création de valeur durable, dans une logique qui s’oppose à une vision traditionnelle des marchés financiers, souvent plus court-termiste.

Les nouveaux horizons de l’ESG: de l’ESG normatif à l’impact mesurable

Face à une réglementation de plus en plus exigeante et une pression croissante des investisseurs, les acteurs financiers doivent dépasser les approches classiques de l’ESG, autrefois cantonnées à une obligation de reporting. Ils doivent désormais démontrer l’impact réel de leurs stratégies, en établissant des objectifs de durabilité précis et quantifiables et en faisant preuve d’une plus grande transparence sur les résultats obtenus, qu’il s’agisse de la réduction effective des émissions carbone, de l’amélioration des conditions de travail ou du renforcement des pratiques de gouvernance.

Cette évolution impose aux gestionnaires d’actifs une refonte de leurs offres. Les approches historiques, fondées sur l’exclusion ou l’intégration ESG générique, cèdent la place à des stratégies plus sophistiquées : fonds thématiques axés sur des enjeux environnementaux et sociaux spécifiques, méthodologies d’impact rigoureuses, engagement actionnarial structurant et exclusions proactives issues d’une analyse approfondie des modèles d’affaires et des trajectoires ESG.

L’ESG est devenu un pilier central de l’investissement, en s’imposant comme un levier de création de valeur et de différentiation concurrentielle. Les actifs réels illustrent bien la convergence recherchée par les investisseurs entre impact et performance financière.

Les actifs réels : entre pression sur les marges et ambition d’impact, une classe d’actifs moteur de performance

Les actifs réels : une classe d’actifs en plein essor

Les actifs réels, tels que les infrastructures, les ressources naturelles, l’immobilier ou les actifs agricoles, gagnent en popularité grâce à leur capacité à diversifier les portefeuilles et à offrir une stabilité accrue. Moins corrélés aux marchés boursiers, ils sont perçus comme des refuges en période de volatilité.

L’engouement pour ces actifs est alimenté par l’appétit des investisseurs pour des placements tangibles et durables. Parallèlement, la réglementation et les attentes des épargnants poussent les gestionnaires d’actifs à développer des offres ciblées.

L’impact : une caractéristique intrinsèque de ces actifs

L’investissement en actifs réels se positionne comme un relais de l’État, permettant de financer des projets concrets, le plus souvent à vocation sociale ou environnementale, qui soutiennent l’économie nationale. Cette classe d’actifs s’inscrit donc, par nature, dans une démarche d’investissement à impact.

Les plateformes participatives comme Enerfip permettent aux citoyens de soutenir la transition énergétique à travers des projets d’énergies renouvelables, tout en offrant des rendements attractifs. Hectarea, de son côté, facilite l’accès à la terre pour les jeunes agriculteurs, promouvant des pratiques agricoles durables et soutenant la transition intergénérationnelle. Quant à Merci Prosper, il propose aux seniors de monétiser leur patrimoine immobilier sans perdre la jouissance de leur bien, améliorant ainsi leur autonomie financière. Ces initiatives, présentées pour les deux dernières par leurs promoteurs lors de la rencontre organisée le 27 mars par SeaBird et dédiée aux actifs réels, alignent les intérêts financiers avec des objectifs ESG, démontrant comment les actifs réels peuvent contribuer à un avenir plus durable tout en générant des impacts directs et mesurables.

Sauver la marge ou investir sur l’impact : l’enjeu des actifs réels

Les actifs réels ont émergé dans un contexte de et de marges décroissantes sur les actifs financiers classiques comme les FCP ou OPCVM. Face à ces défis, les investisseurs cherchent des alternatives offrant impact et performance. Cette classe d’actifs séduit particulièrement les épargnants, qui y trouvent du sens et se sentent impliqués dans leur investissement. En intégrant les actifs réels dans leurs portefeuilles, les investisseurs peuvent espérer une rentabilité performante et une participation à des projets concrets. Les actifs réels se positionnent ainsi comme une solution prometteuse.

Cette approche, qui entend conjuguer impact et performance de long terme, est celle défendue par Swen Capital lors de notre rencontre du 27 mars. Il s’agit, au travers de fonds diversifiés, thématiques ou sectoriels, de proposer des objectifs de rendement à long terme conformes à ce que peut attendre un investisseur par ailleurs.

Convergence stratégique : les enjeux communs de l’investissement à impact et des actifs réels

L’intégration de l’ESG dans les stratégies d’investissement repose sur un équilibre complexe entre performance financière et extra-financière, qui nécessite une transformation structurelle du modèle d’analyse financière.

L’enjeu de la donnée

Les défis autour de la donnée ESG (qualité, cohérence des indicateurs, intégration dans les modèles de valorisation) deviennent des enjeux stratégiques. Cela requiert des investissements massifs dans les capacités de collecte de données sur les chaînes de valeurs, d’analyse, et  . Sans gouvernance robuste de la donnée, les risques de greenwashing ou de sous-estimation de certains risques systémiques persistent, fragilisant la crédibilité des stratégies d’investissement durable.

L’enjeu de l’acculturation

Cette mutation appelle aussi un changement culturel profond, tant pour les équipes de gestion que pour les clients. Intégrer l’ESG dans ses pratiques d’investissement impose de nouveaux arbitrages entre rentabilité, impact et transparence. Ce défi est encore plus marqué pour les actifs réels, qui, en raison de leur nature illiquide, demandent un horizon de placement long pour générer un rendement attractif, imposant des contraintes de sortie limitant les  rapides de portefeuilles.

Or les actifs réels souffrent chez les investisseurs et épargnants d’un manque de compréhension quant à leur fonctionnement et leur alignement avec les critères ESG. C’est l’un des points clés soulignés par Generali France lors de notre rencontre du 27 mars : il y a un travail collectif de pédagogie à réaliser du côté des assureurs pour expliquer que les actifs réels ne sont pas des actifs comme les autres. Ce sont des actifs qu’il faut porter longtemps pour pouvoir bénéficier d’un rendement attractif et d’une stabilité.

Les clients ont été mal habitués et mal informés, car la catégorie des actifs réels représentent des actifs peu liquides, il y a par conséquent un travail collectif de la part des assureurs de réaliser un travail de pédagogie pour expliquer que ce ne sont pas des actifs comme les autres et que du coup on ne peut pas s’amuser à rentrer et sortir d’un fonds d’actifs réels comme d’un ETF MSCI World parce qu’il y a des contraintes. Ce sont des actifs qu’il faut porter longtemps pour pouvoir bénéficier d’un rendement attractif et d’une stabilité.

Conclusion

Investir dans les actifs réels constitue une approche proactive pour intégrer les critères ESG. Ce type d’investissement représente une opportunité de conjuguer performance financière et impact durable. Pour réussir cette transition, il est crucial de repenser les pratiques de gestion et de sensibiliser les épargnants aux avantages de ces approches, ouvrant ainsi la voie à un avenir où chaque investissement contribue positivement à la société et à l’environnement.